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Qui est Saint Jean de la Croix ?


Jean de la Croix, de son nom de naissance Juan de Yepes, naît en Vieille-Castille en 1542 à Fontiveros en Espagne. Il meurt en 1591 au couvent de Ubeda. Né de parents pauvres, son père meurt lorsqu’il a 2 ans. Étant dans une certaine précarité, sa mère décide de quitter Fontiveros pour aller s’installer à Médina del Campo pour tenter de chercher du travail. C’est dans cette ville proto-industrielle et commerciale que la mère de Juan va confier son fils dans un foyer pour enfants défavorisés, il avait alors 10 ans. C’est dans ce foyer qu’il reçoit une formation sur l’artisanat et il essaye plusieurs métiers. La foi chrétienne dans ce foyer était présente et profonde, dans un contexte de misère sociale et de grande détresse qui régnait alors dans tous les foyers d’artisans dans la ville de Médina. C’est dans ce contexte que Juan grandit et où sa future vocation naîtra. Il s’avère que Juan est brillant intellectuellement ainsi que très sensible religieusement et artistiquement, ce qui se remarquera facilement dans le foyer. A 14 ans, tout en étant infirmier dans un hôpital de pauvres de la ville de Médina, Juan suit des cours de grammaire dispensés par Juan Bonifacio, un éminent éducateur Jésuite et humaniste. En 1563, alors âgé de 20 ans, Juan de Yepes rejoint l’Ordre des Frères de Notre-Dame du Mont Carmel, dans le couvent de Médina del Campo, en s'appelant Jean de Saint-Mathias. En 1564, il entre dans la prestigieuse Université de Salamanque. Il étudie principalement la philosophie platonicienne, la théologie biblique, la théologie patristique, notamment les écrits de Grégoire le Grand, Augustin d’Hippone et de Denys l’Aréopagite. En 1567, il est ordonné prêtre et rencontre sainte Thérèse d’Avila. Elle lui demande son aide pour réformer l’Ordre du Carmel, ce qu’il fait en 1568 en réformant la branche masculine du Carmel et en fondant un nouveau couvent, celui de Daruelo. Les carmes doivent donc être “déchaussés”, c’est-à-dire vivre selon la règle primitive la plus stricte de l’Ordre. C’est à ce moment-là qu’il prend le nom de Jean de la Croix. Il vit selon la règle primitive dite “non-mitigée”, c’est-à-dire plus stricte sur le plan de l’austérité, sur la prière et sur la séparation du monde. Ceux qui pratiquent la règle primitive sont appelés les “carmes déchaussés”, puisqu’ils vivent pieds nus. Tandis que ceux qui ne vivent pas selon cette règle gardent leurs chaussures et se nomment les “carmes chaussés”. Il passe plusieurs années à former spirituellement les jeunes carmes en tant que maître des novices et continue parallèlement de peaufiner la réforme du Carmel, notamment dans sa gouvernance interne, dans le contexte de l’application de la Réforme catholique décidée par le Concile œcuménique de Trente. Beaucoup de carmes s’opposent à la réforme de Jean de la Croix sur la gouvernance de l’Ordre, notamment sur l’application rigoureuse de la règle primitive. Cette opposition culmine à son emprisonnement en 1577 dans la ville de Tolède par des carmes chaussés, dans le cachot d’un couvent hostile à la réforme. Il y reste pendant neuf mois sans émettre d’opposition et devient marginal dans sa propre famille religieuse. De la Croix est considéré comme étant un rebelle, un incorrigible. Durant son emprisonnement, il subit des pénitences physiques ainsi que des pressions psychologiques, le tout dans une terrible solitude. Il aura, malgré la torture physique et psychique, des expériences mystiques. Il réussit à s’évader de son cachot en 1578. En 1580, par un acte du Siège Apostolique, l’Ordre est divisé en congrégations : celle des chaussés et celle des déchaussés. Après le décès de sainte Thérèse d’Avila en 1582, Jean de la Croix entreprend de continuer la réforme du Carmel commencée par cette première. Hélas, en 1590, le chapitre de Madrid décide de renverser le gouvernement des carmélites mené par Jean de la Croix. Celui-ci s’y oppose, ce qui est perçu comme un acte de désobéissance, ce qui lui vaut condamnation. Il prend alors la défense des carmes et entreprend de continuer la réforme mais il se heurte devant le père Nicolas de Jésus, devenu supérieur encadrant la réforme. Ce père fera en sorte qu’en 1590, des enquêtes diffamantes soient entamées contre Jean de la Croix. Celui-ci sera destitué de ses charges, puis il tombera malade. C’est dans la nuit du 13 au 14 décembre 1591 que Jean de la Croix meurt au couvent d’Ubeda, suite à une inflammation osseuse. Il sera béatifié en 1675, canonisé en 1726 puis proclamé Docteur de l’Eglise catholique en 1926.
Ses œuvres utilisent principalement les Saintes-Écritures, traitant de la mystique sous forme de poèmes. Ils sont vus comme étant en opposition à la théologie et donc à la raison. Pourtant De la Croix est aussi théologien et ne s’oppose aucunement à la raison humaine. Dans le prologue de son premier ouvrage, Cantique spirituelle, il écrit à propos d’une théologie où “l’on sait par amour, et où l’on ne fait pas que savoir, mais où en même temps l’on goûte” à cet amour. Le Cantique spirituel est grandement inspiré d’un livre poétique de l’Ancien Testament : le Cantique des Cantiques, l’alliance entre l’époux et l’épouse, union de l’âme avec le Christ. La montée du Carmel décrit le chemin de purification dite “active” des sens par l’exercice des vertus théologales : la foi, l'espérance, la charité. La nuit obscure est un ouvrage qui décrit le chemin de purification dite “passive” des puissances de l'âme, donné par la grâce de Dieu, ou l’âme réussit à s’extirper de la nuit pour rencontrer la personne qu’elle aime et à s'unir définitivement, en se laissant purifier la mémoire, l'intelligence et la volonté. Il écrit ses œuvres notamment pour corriger les maladresses des personnes ainsi que pour les guider dans leur cheminement vers Dieu. D'où l'idée de “purification”. Pour lui, ce qui purifie, c’est d'abord la grâce de la Rédemption opérée par le Christ, qui transforme intégralement l’être humain. Son projet est de démontrer comment accueillir et laisser s’épanouir cette grâce rédemptrice, en purifiant son âme de tout ce qui peut obstruer cette union intime avec Dieu.

Mikaël JUSZCZYK
Étudiant L2 théologie catholique à l'Université de Strasbourg.


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