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Notre-Dame du Schauenberg et la comtesse


Le lieu est sans doute connu depuis la nuit des temps même si rien n’apparaît avant le XIVème siècle. Il semblerait qu’autrefois dans les temps anciens, celui des Alamans, ancêtres du Peuple alsacien, il y eut un Burg, un château fortifié, puisque l’endroit était connu sous le nom de Hohburg, le château fort du haut, peut-être y en avait-il un plus bas dans la plaine. Quoiqu’il en soit le nom « Schwowenberg » apparaît en 1335., peut-être la Montagne des Souabes transformée plus tard en Schauenberg, la Montagne où l’on observe. On n’en sait aujourd’hui rien.


Ce que l’on sait en revanche c’est que l’ermite Udalricus s’y installa en 1400. Les Vosges étaient propices à la vie érémitique, massif montagneux éloigné des activités humaines et permettait la prière et la relation solitaire avec Dieu. Ce mode de vie qui venait des premiers temps du christianisme était une démarche de foi très prisée par les religieux du Moyen-âge. Saint Nicolas de Flüe avait choisi lui-même la vie érémitique après une vie bien remplie au service de la Suisse dont il deviendra le saint patron. Imaginez notre ami le frère Udalricus sur ce promontoire été comme hiver ! Udalricus, comme beaucoup d’ermites, a construit de ses mains un petit oratoire dédié à saint Ulrich où avec une petite Croix en bois il devait s’adonner à la prière, buvant l’eau d’une source proche, cultivant quelques légumes, se nourrissant des fruits des bois, les vignerons de Pfaffenheim et de Gueberschwihr venaient lui apporter du vin, des salaisons, en échange de prières à saint Ulrich pour leurs âmes, leurs familles et leurs récoltes . Peut-être avait-il une chèvre qui lui procurait du lait, on ne le saura jamais. En revanche ce que l’on sait sans aucun doute c’est qu’il se levait avec le spectacle magnifique de la Plaine d’Alsace, des montagnes de la Forêt noire, du Kaiserstuhl, des Alpes bernoises par temps clair ainsi que la flèche de la cathédrale de Strasbourg. Quel lieu superbe pour rendre hommage à la création, à Dieu !

Anna, épouse de Louis Ier le Pacifique, Landgrave de Hesse, en cette année 1432 se trouva malade d’une maladie inconnue à l’époque. De fortes fièvres s’emparaient de la jeune épouse et les médecins et apothicaires ne trouvaient aucun remède à son mal.. Or elle avait à son chevet une statue de la Sainte Vierge qu’elle priait constamment dans ses moments de lucidité. Et elle eût un songe où la Vierge lui disait : « Pourquoi me demandes-tu de soulager ton mal alors que je peux soulager plus de monde encore ? Fais-moi porter à la montagne où l’on peut me contempler et où je peux contempler ! »


Le matin se réveillant elle appela son fidèle serviteur Horst et lui ordonna : « Emmène la statue à un endroit qui s’appelle Schauenberg ! Va dans tout l’Empire germanique, la Sainte Vierge te fera savoir que c’est le bon endroit et je serai guérie. » Horst se mit en chemin et chercha cet endroit Schauenberg dont la comtesse lui avait parlé. Après avoir fait quelques Schauenberg qui ne manquaient pas dans le Saint Empire, rien n’indiquait qu’il fallait y laisser la statuette.

Arrivé à Strasbourg à travers sa quête de Schauenberg, il prit logis dans une taverne qui existe encore aujourd’hui, non loin de la cathédrale. Ça discutait beaucoup affaires et marchés. Horst attablé avec ses compagnons de table de table se lamentait de la difficulté de trouver ce fameux lieux Schauenberg. Et soudain un certain Morand du Sundgau lui dit : « Je connais un endroit Schauenberg. Je suis passé non loin d’un endroit qui a ce nom près de Colmar pour y acheter des barriques de vin. Mais si tu me remets une pinte de bière je crois que je me souviendrai de l’endroit. » Horst content de trouver quelqu’un qui pouvait lui en dire plus s’exécuta.

Il lui dit : « C’est non loin d’ici, du côté de Pfaffenheim et de Gueberschwihr, il faut grimper vers la montagne. Les gens t’indiqueront l’endroit. » Et Horst lui répond : « La Sainte Vierge te remerciera. » Et Morand lui répond : « La Sainte Vierge ? Je t’offre une pinte en retour. Je ne veux rien faire payer à la Sainte Vierge. »

Le lendemain Horst prit la route vers la Haute-Alsace, vers cet endroit appelé Schauenberg. Horst alla à Colmar où il passa au Kaufhüs qui était le plus beau bâtiment dont on parlait dans toute la Rhénanie. Puis il prit le chemin du vignoble jusqu’à Gueberschwihr. Il demanda où se trouvait le « Schauenberg ». On lui indiqua le chemin pour y accéder.


Arrivé à cette pauvre chapelle, avec un ermite très vieux, à la barbe blanche, qui tenait debout grâce à sa canne, il lui demanda : « - Où est l’endroit Schauenberg ? – Tu es arrivé ». Horst lui répondit : « Que dois-je faire ? » Et l’ermite répondit « ce qu’on t’a dit de faire ». Horst alla dans le petit oratoire à l’époque et y déposa la statuette de la Sainte Vierge de la comtesse.

Le lendemain, Horst n’ayant aucun signe bien que l’endroit soit du nom indiqué, se décida à repartir vers un autre chemin. Il entra alors dans la chapelle pour reprendre la statuette de la Vierge Marie. Mais la statuette resta collée à l’endroit où il l’avait déposé. Il appela des pèlerins mais rien n’y a fait.

Dès que la statuette fut déposée, Anne retrouva miraculeusement la santé. Elle savait alors que Horst avait trouvé cet endroit : « Schauenberg ».

Régis Baschung

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