Aujourd’hui, dans nos pays démocratiques, le droit de vote accordé aux hommes mais surtout aux femmes est acquis depuis bien longtemps et ancré dans nos pratiques électorales. Mais ce droit n’a pas semblé être une évidence dès le 19e siècle où des premiers débats en Angleterre ont eu lieu.
Les femmes à l’époque n’avaient aucun droit civique et politique, ne pouvaient exercer les métiers du droit, de la médecine ou de l’administration, contrairement aux hommes considérés comme robustes et capables d’exercer ces fonctions. En réalité, elles n’avaient pas plus de droits qu’un enfant, qu’un criminel ou qu’un malade mental. Leu rôle dans la société était de rester femme au foyer et de faire des enfants. D’ailleurs, un paradoxe avait été souligné par John Stuart Mill : la Reine Victoria en Angleterre régnait à cette époque, et pourtant, les femmes étaient considérées comme des « citoyens de seconde classe ». En 1825, dans ce contexte d’ordre social hiérarchisé et où les protestations sont quasi inexistantes, William Thompson et Anna Wheeler ont scandé « Vous, les plus opprimées et les plus humiliées, quand vous rendrez-vous compte de votre situation, quand vous organiserez-vous, protesterez-vous et demanderez-vous réparation ? ». C’est alors les débuts d’une prise en compte générale par les femmes de leurs conditions d’infériorité et d’inégalité vis-à-vis des hommes.
C’est Mary Smith qui en 1832 écrit une requête qui sera discutée au Parlement britannique. Elle souhaite que les députés la reconnaissent elle mais plus généralement toutes les femmes comme légitimes à pouvoir choisir leurs représentants étant donné qu’elles travaillent, paient des impôts et sont soumises aux mêmes lois que les hommes. Cette requête n’a pas été prise au sérieux, et le député sir Frederik Trench s’est même permis de dénoncer la situation dans laquelle les hommes et les femmes devraient débattre ensemble dans un même espace. C’est ainsi que se clôt le débat sur le suffrage féminin sous les rires et critiques.
Dans les années 1870, Milicent Garrett Fawcett, une jeune femme anglaise issue d’une famille libérale, commence à protester pour garantir le droit de vote aux femmes. Elle se met à convaincre les autres femmes de l’accompagner dans son combat et crée des groupes de militantes qu’on appelle les « Suffragettes » qui se mettent à poser des questions cruciales : « Qui définit les lois ? », « Qui décide qui est citoyen et qui ne l’est pas ? », « Selon quels critères ? »… Une organisation va rassembler les militantes et militants sous la direction de Fawcett : la « National Union of Women’s Suffrage ».
Les membres majoritairement féminins mais en compagnie de certains hommes partageant leurs revendications, vont organiser des actions militantes (manifestations, meetings, messages dans la presse…). Mais ces actions éclats vont être transformées en infractions et de nombreuses suffragettes seront arrêtées et emprisonnées, parfois pour avoir simplement élevé le ton de leur voix pour exprimer leur indignation. Il est vrai que le mouvement va organiser des activités interdites mais c’est le seul moyen pour elles de se faire entendre et de forcer le Parlement à prendre en compte ce mouvement. De nombreuses manifestations sont organisées rassemblant des milliers de femmes.
Mais les choses vont rapidement évoluer après la Première Guerre mondiale où les femmes seront reconnues comme ayant eu une part importante dans l’effort de guerre. En 1918, le Parlement adopte le Representation of the People Act qui accorde le droit de vote aux femmes de plus de 31 ans qui sont mariées à un homme inscrit sur les listes électorales et propriétaires. C’est 10 ans plus tard qu’une loi accordera le droit de vote à tous citoyens de plus de 21 ans en Angleterre.
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