Heimetfascht, Heimetfàscht, Heimetfescht, Heimatfest... Peu importe son écriture ou sa prononciation, ce mot est intraduisible en français.
Heim signifie à la fois la demeure, chez soi, le pays, le village (hameau en français vient du germanique Heim).
Heimat devient plus global, à la fois terre des ancêtres, le terroir, le pays de naissance, la patrie.
Quoiqu’il en soit, en ce jour de Heimetfest (en allemand standard) ou Heimetfascht (en Mìlhüserditsch), c’est l’occasion pour tous les Alsaciens et les Alsaciennes de fêter l’anniversaire de la promulgation de la constitution du 31 mai 1911 par l’empereur Guillaume II. Une constitution qui accorda à l’Alsace-Moselle un gouvernement et un parlement avec des compétences particulières en matière d’enseignement, de transport et même de sécurité publique. Présidé par Eugène Ricklin, le Landtag du Reichsland Elsass-Lothringen permit en 1912 l’adoption de symboles souverains tels que le drapeau Rot un Wiss (rouge et blanc) et l’hymne national, le Fahnenlied, seul hymne connu et adopté officiellement pour l’Alsace.
Au-delà des symboles importants certes, le développement de l’Alsace a connu un essor incomparable avec le Reichsland en matière de droits sociaux, de développement des transports à travers les Chemins de fer d’Alsace-Lorraine , de renouveau de Strasbourg avec la Neustadt, des MDPA en Haute-Alsace...
Il y avait même des régiments d’infanterie et de cavalerie alsaciens, des bataillons du génie alsaciens. La police était gérée par les communes comme dans le reste de l’Allemagne.
Je pourrais faire une liste de tous les bienfaits de la période du Reichsland, on n'en finirait pas.
Cependant, il ne faut pas oublier que Berlin contrôlait la situation; l’empereur promulguait les lois votées par le Landtag, mais avec bienveillance pour ce peuple alsacien plutôt pacifique.
Finalement, l’Alsace a obtenu pendant cette période le niveau le plus élevé d’autonomie de son histoire, niveau qu’elle n’avait jamais eu avec la France auparavant et niveau qu’elle n’obtiendra jamais par la suite avec la France, à cause de sa dictature préfectorale pilotée par un monarque parisien.
La pire période que connut l’Alsace fut incontestablement la période de l’annexion nazie où elle fut fusionnée avec le Land de Bade et pilotée d’une main de fer par le gauleiter nazi Wagner et son décret d’incorporation de force qui entraîna des milliers de Malgré-nous à la mort en Russie.
Où en est l’Alsace aujourd’hui ? Après avoir été une région administrative, fusionnée de force dans l’actuel Grand Est par le monarque républicain Hollande contre la volonté du Peuple alsacien qui a manifesté son opposition sous des formes diverses (manifestations, pétitions, consultation), rien n’y a fait : le mutisme parisien demeure le même. Il s’est poursuivi avec Emmanuel Macron récemment encore lors de sa venue en Alsace où il affirma le maintien de l’Alsace dans le Grand Est par amitié avec Franck Leroy, malgré la proposition de loi de ses propres députés pour en sortir. On vit en pleine monarchie du bon plaisir du président…
Quel avenir pour l’Alsace ? On voit bien la diffraction qui existe entre les électeurs alsaciens qui désertent les urnes et les très mal élus par les scrutins majoritaires. De plus, l’acculturation du peuple alsacien du fait du matraquage à coups de roman national, l’absence de l’enseignement de l’histoire de l’Alsace à l’Ecole, les tentatives avec un certain succès pour faire disparaitre nos langues alsaciennes, ne font rien pour arranger les choses. Mais il y a quand même quelque chose qui se passe comme le réemploi du drapeau alsacien, l’essor des écoles immersives, la création de la Collectivité Européenne d’Alsace, le retour à des plaques d’immatriculation alsaciennes bilingues (même si le choix du bretzel est contestable) et la présence systématique à chaque élection du Mouvement Alsacien Unser Land font que, même si il faut compter sur le temps long, rien n’est perdu pour que l’Alsace retrouve un statut d’autonomie.
So jetza a scheena Heimetfascht ìn Elsàss un Mìlhüsa !
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