enquête publique jusqu'au 10 mai 2022 sur fond de défiance citoyenne
Depuis le mardi 4 avril 2022, une nouvelle étape se joue dans la saga de l'affaire Stocamine, où la potabilité de l'eau de la nappe phréatique rhénane, plus grande réserve souterraine d'eau potable en Europe occidentale est en jeu (selon le potentiel scénario présenté dans ce reportage ci-dessous dans la section "pour mieux comprendre" en lien de FR3 à partir de 2:54 dans la vidéo)
L'État central cherche en effet toujours à enfouir coûte que coûte les 42000 tonnes de déchets toxiques dans d'anciennes galeries minières de Wittelsheim malgré une farouche opposition locale chez les élus comme chez les citoyens informés du sujet.
Après plus de cinq années de feuilleton judiciaire et administratif (Entre 2017 et 2022, plusieurs arrêtés préfectoraux et initiatives gouvernementales en faveur de l'enfouissement des dechets furent balayées par les juges des tribunaux et même par le Conseil constitutionnel pour l'une d'entre elles), l'État par la voix du gouvernement macroniste et du préfet du Haut-Rhin, a décidé de lancer une nouvelle enquête publique concernant Stocamine, préalable à la prise d'un nouvel arrêté concernant les travaux d'enfouissement au fond du puit minier Joseph-Else de Wittelsheim.
Cette enquête est la quatrième après "celles de 1991, 1996 et 2016", rappelle l'un des opposants historiques à Stocamine depuis les débuts du projet il y a plus de trois décennies, l'écologiste Yann Flory chez nos confrères de L'alterpresse68.
Devant se dérouler du mardi 4 avril au mercredi 10 mai, elle aura lieu dans plusieurs communes du Nord-Ouest de l'agglomération mulhousienne (M2A) situées dans ou à proximité immédiate du bassin potassique (Wittelsheim, Richwiller, Reiningue, Lutterbach, Pfastatt, Staffelfelden, Kingersheim et Wittenheim) en plus de la commune de Cernay.
L'enquête fait suite à une nouvelle demande des Mines de Potasse d'Alsace (MDPA), établissement sous la propriété de l'État, désireuses d'enfouir définitivement les déchets au plus vite.
Et ce alors même que le parquet de Strasbourg, suite à une plainte contre X d'Alsace Nature, a demandé à l'été 2021 l'ouverture d'une enquête criminelle confiée en mars 2022 à l'OCLAESP (Office central de lutte contre les atteintes à l'environnement et à la santé publique), un service de la gendarmerie nationale devant établir un inventaire complet des déchets encore entreposés dans les galeries, inventaire qui serait impossible à dresser si les déchets étaient enterrés.
L'empressement de l'État et des MDPA à vouloir tout enfouir au plus vite serait-il lié à une volonté de cacher la nature et la quantité exactes des déchets?
Nous n'en savons rien.
Quoiqu'il en soient, de nombreuses réactions ont fait jour depuis le lancement de cette enquête publique.
Si d'un côté certains élus locaux veulent croire que les autorités prendront en compte les avis exprimés dans cette enquête par les citoyens, d'autres personnes très investies dans l'opposition à l'enfouissement des déchets de Stocamine, ne se font guère d'illusion quant à la volonté finale de l'État.
Pour Hubert Ott, député macroniste (MODEM) de la deuxième circonscription du Haut-Rhin, le lancement de l'enquête fut l'occasion de tirer la sonnette d'alarme, d'interpeller les téléspectateurs et de détailler les lourds enjeux de Stocamine dans une interview sur le plateau de BFM TV Alsace (à retrouver ci-dessous en intégralité).
"Face au confinement, le NON de l'Alsace doit être massif" écrivait le député sur sa page Facebook le 14 avril dernier.
Du côté de Yann Flory, membre de Destocamine, le doute est ferme quant aux réelles intentions de l'État quelles que soient les conclusions de l'enquête :
"[C'est] la quatrième [enquête] pour les militants historiques et toujours le même constat : causes toujours tu m'intéresses." explique-t-il sur son compte Facebook le 4 avril dernier, jour de lancement de l'enquête.
Anticipant lui aussi une issue négative, le collectif Destocamine a prévenu par un communiqué de presse qu'il "attaquera de nouveau devant la Justice tout arrêté préfectoral qui donnera son feu vert à un enfouissement".
Néanmoins, élus, associations et activistes s'accordent sur la nécessité de participer et de faire participer à cette enquête jusqu'à son terme le 10 mai prochain.
"[Il faut participer à l'enquête] pour sauver notre eau, [pour dire] non à la pollution préméditée de notre eau, non à l'enfouissement définitif de 42000 tonnes de déchets très toxiques [et] oui à un avenir vivable! "abonde Yann Flory sur Facebook les 13 et 19 avril derniers.
Par ailleurs, Alsace Nature a rédigé en ce sens un argumentaire contre Stocamine, dans une version française mais aussi allemande, nos voisins étant eux aussi concernés par le devenir de la nappe phréatique menacée par Stocamine.
Enfin l'association Alternatiba Soultz et la CLCV (Consommation Logement Cadre de Vie) ont aussi invité les citoyens à prendre part à l'enquête.
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